Histoire de Thauvenay

Généralités


Parcelles de vignes à l’ouest du village de Thauvenay.
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La commune de Thauvenay est située au sud-est du canton, entre les communes de Couargues et Saint-Bouize au sud, Ménétréol au nord et Vinon à l’ouest. La Loire forme une limite naturelle à l’est. D’une superficie de 986 ha seulement, cette commune offre à la fois des paysages de coteaux argilo-calcaires (dites caillottes de Sancerre et Thauvenay) couverts de vignes et de bois et une plaine alluviale très irriguée, favorable aux prés et aux champs cultivés. La séparation géographique est matérialisée par le cours des rivières de la Vauvise et du Boisseau, qui traversent la commune du nord-ouest au sud-est parallèlement à la route départementale et au canal latéral à la Loire.

Notes d’histoire…

D’importants vestiges gallo-romains ont été découverts dans les années 1900 et 1920 dans les fondations de l’ancienne église fondée au 6e siècle. La paroisse de Thauvenay, dépendant de l’abbaye de Saint-Satur, est attestée depuis 1136. La seigneurie du même nom, à l’origine implantée à quelques dizaines de mètres au nord de l’actuel château (mention d’une motte sur le cadastre de 1823), appartient dès 1275 à la famille de Charenton. Au 18e siècle, M. Perrinet de Faugnes, conseiller du roi, receveur général des finances, fait construire le château actuel, agrandi au 19e siècle par la famille de Chabaud-Latour, toujours propriétaire.
Thauvenay subit comme les paroisses voisines les exactions des conflits armés qui agitent le pays lors de la guerre de Cent Ans. Relativement peuplée au 16e siècle (environ 400 habitants), la paroisse de Thauvenay souffre aussi des affrontements entre catholiques et protestants : de par son rattachement à l’abbaye de Saint-Satur, l’église paroissiale est en partie dévastée. L’appauvrissement de la population de Thauvenay tout au long des 17e et 18e siècles est particulièrement sensible. Les propriétaires terriens ne résident pas sur la paroisse et la culture de la vigne, peu étendue, n’est pas d’un grand rendement. En revanche, une carrière d’ocre jaune découverte en 1689 au village de Frétois, assure l’activité d’un moulin à ocre, “fourneaux à faire cuire de l’ocre” (tuilerie), jusqu’au 19e siècle.
Après la vente de l’église comme bien national en 1797, la paroisse est rattachée à Ménétréol jusque dans les années 1850.

Ce plan, a été dessiné par Nicolas Lallemant, dans les années 1670, pour le prince de Condé, comte de Sancerre. L’enclavement du bourg entre les grandes zones marécageuses à l’est et les bois à l’ouest apparait de façon particulièrement visible.

Extrait du plan du comté de Sancerre,
conservé au château de Chantilly

Les indications portées sur la carte provenaient des descriptions fournies par les curés des paroisses : elles sont ici particulièrement lacunaires.
Extrait de la Carte de Cassini,
datée du milieu du 18e siècle

Les conditions climatiques des bords de Loire ne sont pas favorables à l’enrichissement de la population : les zones marécageuses traversées par de nombreux ruisseaux et inondées périodiquement par les crues ne seront assainies que lors de la création du canal latéral à la Loire en 1822, facteur déclenchant d’un nouvel essor économique. Au cours de la même période, la route de Sancerre à la Charité qui passe par Thauvenay et Saint-Bouize est empierrée, facilitant les échanges commerciaux. Le Comte Jean-Pierre de Montalivet, ministre de Napoléon et propriétaire du château de la Grange à Saint-Bouize, un des principaux initiateurs de la création du canal, incitera la plantation de nouvelles vignes sur le territoire de Thauvenay, redonnant une certaine prospérité à toute une population de tradition viticole.
Grâce à la générosité de la famille Chabaud-Latour, propriétaire du château, et aux secours officiels, la municipalité pourra faire construire une église en 1865 et créer un nouveau cimetière en 1866 (les sépultures se faisant depuis plus de cinquante ans à Ménétréol). L’école des garçons et celle des filles seront bâties dans les années 1880.
La ferme du Vernoy n’existe plus : elle était déjà mentionnée à l’état de ruines sur le cadastre de 1823. Les limites de la commune s’arrêtent sur la rive de la Loire, là où le ruisseau du Moule se jette dans le fleuve, alors qu’actuellement une partie du cours d’eau est intégrée à la commune, permettant pendant de nombreuses années l’exploitation d’une sablière.
Carte d’Etat-major de 1847

Les nouvelles constructions s’établissent dans le village qui s’agrandit vers le sud formant un village rue, et dans le hameau du Frétoy qui prend de l’importance. Signes d’une évolution économique relative, deux bâtiments à vocation artisanale sont construits : la tuilerie dite “tuilerie de Bailly”, créée sur la route départementale au sud du village, fonctionnera pour la brique, la tuile et la chaux entre 1848 et 1882. Le moulin à blé de Rousseau alimenté par la Vauvise, connu depuis le 17e siècle est reconstruit et modernisé vers 1845 ; il restera en activité jusqu’en 1870. Thauvenay sera également desservie par le réseau ferré Bourges-Cosne-sur-Loire, mis en service en 1893.


Chronologie de l’implantation de l’habitat
(d’après les premières mentions d’archives et les sources cartographiques consultées)

zoom
Le développement de la commune a été particulièrement perceptible à la période moderne où apparaissent de nouveaux domaines dans le val de Loire. Au 19e siècle, on assiste à une densification des sites anciens (le bourg et le Frétoy) et à la création de sites artisanaux.

La population va s’accroître régulièrement et de façon très significative tout au long du 19e siècle. Entre 1826 et 1891, elle augmente de 40%. Elle atteint son chiffre maximum en 1891 avec 711 habitants. La plupart des habitants sont des vignerons au service de grands propriétaires. Ils seront les premiers touchés par la crise viticole de la fin du 19e siècle qui provoquera un exode rural massif. En 1911, la population n’atteint plus que 434 habitants pour baisser à 369 en 1936.
A la fin de la seconde guerre mondiale, un événement tragique marque le bourg de Thauvenay : le 25 juin 1944, les troupes allemandes basées à Cosne-sur-Loire, incendient le village en représailles d’une embuscade qui les avait opposés aux résistants. Cinquante maisons sont incendiées, six hommes fusillés et onze personnes prises en otage.
Thauvenay aujourd’hui

Les ressources agricoles traditionnelles exploitées sur le territoire de Thauvenay ont été sauvegardées et modernisées. Les deux tiers de la surface cultivée sont des terres céréalières et des prés, un quart est consacré aux bois, et un dixième (90 ha) est maintenant planté de vigne. La population, de 302 habitants en 1999, a diversifié ses pôles d’activités et la densité de population reste assez importante pour une petite commune rurale, avec 31 habitants au km2. Le nombre de résidences secondaires (30% du patrimoine bâti) est le signe d’un environnement des plus agréables, aux abords de la Loire et au coeur de la région sancerroise.

 

Sur la commune de Thauvenay

• 38 Edifices repérés

• 8 Edifices ou ensembles bâtis sélectionnés

• 4 Objets mobiliers religieux sélectionnés

• 1 Objet protégé au titre des Monuments Historiques


Ce bâtiment, portant la date 1773, abrite une fontaine.

Incendie de Thauvenay par les troupes Nazies

La fin du printemps et le début de l’été 1944 marque le début de la déroute ennemie, c’est la débâcle et la folie meurtrière voulue et organisée. Partout en France les forces Françaises Libres harcellent l’ennemi, le haut commandement nazi ordonne à ses troupes d’utiliser tous les moyens pour écraser les résistances et maîtriser la situation.
Les nazis détruisent et perpétuent les pires crimes et horreurs, de sang froid, pour l’exemple, pour faire peur, pour terroriser.

Ce dimanche 25 juin 1944, en début d’après midi un petit détachement allemand, venant de Cosne, qui avait déjà arrêté trois hommes sur son chemin, s’arrête pour contrôler les jeunes qui se trouvaient là derrière moi prés du peuplier. L’un de ces jeunes gens prend peur et tente de se cacher. Un soldat allemand abat alors froidement Robert et Maurice Mollet, blessant leur jeune frère.

Ces jeunes gens sans défense n’avaient commis pour tout crime que d’être là.
Et ce n’est que le début, car un allemand, accompagné par Germaine Mollet arrive à la maison d’Henri Lesage. Un supposé résistant, caché justement dans cette maison, abat cet allemand.
Alors là la fureur se déchaîne.
Les jeunes gens arrêtés sont descendus du camion allemand et emmenés dans le parc. Du renfort est demandé par radio à Cosne et bientôt c’est une colonne de camions qui arrive chargée de plaques incendiaires au phosphore et de grenades incendiaires.
Le Maire du village, Paul de Choulot eut la présence d’esprit d’appeler la commandanture de Bourges pour les informer de ce qu’il se passait et leur demander de faire arrêter ce massacre?
Les témoins nous ont rapporté la folie et la fureur qui s’empare des allemands, leur puissance bestiale ; ils rient, ils boivent, ils tirent dans tous les sens, ils arrêtent ceux qui ne sont pas cachés ou qui n’ont pas eu le temps de le faire.
Ils fusillent dans le parc du château les trois jeunes hommes qu’ils avaient arrêtés sur la route :

Ils fusillent en même temps le jeune Roland Doucet qui, venant de Vinon, s’était arrêté pour aider à éteindre les incendies.
Encore quatre hommes assassinés !
Ces soldats ne se contentent pas de les fusiller, ils s’acharnent sur leurs corps déjà morts, les défigurent à coup de bottes et de crosses de fusils. Ils assassinent un enfant le petit Raymond Voyement, en arrosant de rafales de mitraillettes les portes et fenêtres du château où les enfants de l’école avait été mis à l’abri.
Ils mettent le feu au village, maison par maison, utilisant les plaques incendiaires au phosphore prévues à cet effet et qu’ils avaient fait transporter par leurs futures victimes.
Le village brûle, l’incendie est considérable, plus de cinquante bâtiments sont déjà en feu, une énorme colonne de fumée se voit à des kilomètres. Les pompiers de Sancerre accourent mais sont chassés par les soldats.
Quand ils s’apprêtent à mettre le feu au château, l’ordre de la kommandantur de Bourges de stopper toute cette horreur, arrive enfin.
Heureusement car ces hommes avaient manifestement l’intention d’aller jusqu’au bout du travail.

Le bilan est lourd, très lourd : 7 morts, 3 blessés, 18 prisonniers dont 9 seront déportés. Les familles sont anéanties elles sont meurtries dans leurs chairs, nombreuses ont tout perdu.
Tout cela est prémédité.
– il y a eu les chefs qui ont donné l’ordre,
– il y a eu les soldats qui ont exécuté ces crimes 15 jours après le drame d’Oradour sur Glane, la veille du drame de Dun les Places, et 1 mois avant celui de Maillé.
Durant ce seul mois de juin 1944 les historiens recensent sur le territoire près de 70 exactions, pas un jour sans multiples actes de terreur.
Nous enfants de Thauvenay, nous sommes tous les frères, les amis, des victimes, nous devons perpétuer le souvenir,
Nous pensons à toutes ces familles si cruellement frappées, aux survivants, à ceux voisins et amis qui étaient là et ont partagés la douleur.
Il est d’autant plus important de se souvenir que déjà la troisième génération d’hommes et de femmes arrivent. Cette génération ne peut imaginer à quel point les forces du mal peuvent pousser l’homme à ordonner et exécuter de telles atrocités

 

Aujourd’hui les stigmates du drame de Thauvenay sont effacés, Thauvenay est un village charmant où il fait bon vivre Nous avons voulu partager notre histoire en mettant à votre disposition ces panneaux retraçant les évènements. Un de ces panneaux est consacré aux victimes, un autre vous parlera du village et les plans renvoient à une série de photos après l’incendie ; elles sont disposées dans les rues.
Il y a aussi un dernier panneau très important,  et qui retrace l’histoire de Lucien Maillard, un homme d’exception résistant engagé dès la première heure et que le destin funeste amena à Thauvenay.